Crédit photo : https://twitter.com/realdonaldtrump

Trump, Lisée et Twitter

Donald Trump n’est pas le premier ni le dernier président des États-Unis à utiliser les médias sociaux. Avant lui, son prédécesseur Barack Obama l’a fait avec une efficacité redoutable, inaugurant, avec son élection en 2008, une nouvelle ère dans la façon de faire des campagnes électorales. Et Jean-François Lisée dans tout cela…

Guy F. Therrien
4 min readDec 26, 2016

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Le président Twitter

Avec près de 18 millions de comptes qui suivent Donald Trump sur Twitter, le nouveau président américain dispose d’une force de frappe indéniable pour amplifier son message. Et lui, contrairement à la plupart d’entres nous, n’a même pas besoin d’utiliser les mots clics pour influencer la couverture médiatique, faire bouger ses partisans, pour le meilleur ou pour le pire, influencer le cours des actions d’entreprises publiques comme Lockheed-Martin ou causer une panique sur une reprise possible de la course aux armements nucléaires entre les États-Unis et la Russie.

En tweetant, Donald Trump ne s’adresse évidemment pas au peuple américain, mais bien davantage aux médias, comme l’indique Nicco Mele, directrice au Shorenstein Center on Media, Politics and Public Policy :

The media is the primary audience of most of his tweet. [… ] It’s a vehicle where the media doesn’t get to question him but he gets to drive the coverage, in a sense. The tweeting is part of a broader effort to manage the press.

Cette conférence de presse perpétuelle, sans la présence des médias, envers qui il entretient une profonde méfiance se justifie aux yeux du principal intéressé :

If the press would cover me accurately & honorably, I would have far less reason to ‘tweet.

En accord ou pas avec l’évaluation que fait Donald Trump des médias, force est de constater que son compte Twitter n’a pas refroidi depuis le 8 novembre dernier, le jour de son élection. Il intervient encore régulièrement comme si la campagne électorale se poursuivait, mais les impacts sur la sécurité planétaire, les marchés ou le débat public sont plus marqués maintenant. Une addiction apparente du nouveau président pour Twitter qui inquiète des spécialistes du renseignement américains.

Et sans surprise, son utilisation de Twitter fait des petits dans le monde. Parions que les prochaines campagnes électorales verront une utilisation plus stratégique de Twitter. Un peu à l’image de ce que l’on vu à partir de 2008, après l’élection d’Obama, alors que tout le monde semblait se lancer dans une approche intégrée des campagnes avec les envois ciblés par courriel et les médias sociaux, et après 2014, le Big Data.

Et Jean-François Lisée dans tout cela…

Loin de moi l’idée de comparer le chef du Parti Québécois à Donald Trump. Mais un billet de Martine Biron sur l’utilisation des médias sociaux par l’équipe de Jean-François Lisée, au cours de la dernière course à la chefferie du Parti Québécois, a tout de même attiré mon attention. Elle y mentionne notamment l’encadrement de 150 « militants de salon » sur Twitter afin d’influencer la couverture médiatique en faveur du député de Rosemont.

Si par exemple un journaliste gazouillait négativement sur le candidat Lisée, les militants de salon recevaient la directive de répondre au tweet et de le défendre. L’idée était de laisser une impression, idéalement favorable, en jouant avec les comptes de journalistes crédibles qui sont suivis par des dizaines de milliers d’abonnés.

Outre la disproportion des moyens déployés entre les différentes campagnes, l’action de l’équipe de Jean-François Lisée sur Twitter a quand même nécessité la mobilisation d’une communauté de sympathisants, la coordination de leur action en ligne, la production de contenu à amplifier et l’atteinte d’une cible, les médias. Idem pour Trump !

Ce type de programme est mis en place régulièrement par des entreprises et des organisations comme les partis politiques. Mais entre vous et moi, si les péquistes semblent actuellement mieux outillés que leurs adversaires sur Twitter, ce qui n’a pas toujours été le cas, notamment après la défaite de 2014 où on a senti une certaine désorganisation, la pente à remontée n’est pas impossible pour les autres.

L’élection de 2018 au Québec est si loin, tout en étant si proche en même temps. Parions que les péquistes voudront creuser leur avantage sur leurs adversaires et, qui sait, faire comme les républicains et les démocrates, et intégrer des bots politiques sur une plus grande échelle. Avec deux chefs personnellement engagés sur les réseaux sociaux, Jean-François Lisée et François Legault, les deux prochaines années risquent d’être fascinantes à suivre.

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Mon nom est Guy F. Therrien. Je suis un stratège Web, formateur et gestionnaire de médias sociaux et de communauté, blogueur et entrepreneur. Vous pouvez me suivre sur Twitter, Facebook, LinkedIn et Instagram.

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Guy F. Therrien

Conseiller stratégique/Cabinet du chef de l’opposition à Longueuil. Stratège de médias sociaux, gestionnaire de communauté et passionné de politiques publiques.